Ce/se

Hésitation entre CE et SE dans « C’est [CE/SE] que tu sais » ? C’est ce que tu sais.

Question

Si j’écris, c’est [ce/se] que tu sais, dois-je mettre se ou ce ?

Réponse

Ce, sans aucune hésitation :
C’est ce que tu sais.

Dans le couple ce que — c’est la même chose pour ce qui —, on ne peut avoir que ce. Essayons d’expliquer la chose en évitant l’ânerie consistant à dire « on peut remplacer ce par cela : la susbtitution n’est pas forcément possible ou peut changer le sens [1].

Dans C’est ce que (tu sais, tu aimes), on aurait pu remplacer ce par la lettre (que tu sais), le café du distributeur (que tu aimes). Mais ce est « le machin » (indéfini) que tu sais (que tu aimes…), que je ne connais pas forcément) mais que toi tu connais à tous les coups.

Pour aller au plus simple, on peut juste se souvenir que, avant que ou qui, on ne trouvera que ce : ce qui, ce que…

Dans l’expression c’est ce que (tu vois, tu crois, tu sais, tu imagines, tu aimes, tu détestes), tu vois (crois, sais, imagines, aimes, détestes) ce (cette chose précise) dont on a parlé ou dont on va parler :

  • Untel m’a donné pour toi cette lettre de Durand : c’est ce que tu sais (une réclamation, une lettre de réprimande… ou de félicitation, une question complémentaire ou une réponse pour un dossier — en tout cas quelque chose que j’attendais).
  • Le patron m’a demandé de t’amener cette enveloppe. C’est ce que tu sais (la réponse à une demande de congé, de promotion ; une convocation ; le programme de travail de la semaine prochaine…).

Inversement se est un pronom personnel « réfléchi » (ou réciproque)

Le premier est un pronom démonstratif indéfini (ce), le second un pronom personnel qui ou que. Se est donc :

  • un pronom personnel (il renvoie à un nom propre ou commun cité il n’y a pas longtemps [2]
  • réfléchi, au sens où un miroir réfléchit, renvoie une image.

Le cheval se cabra. (Le cheval cabre lui-même.)

Si je trouve un autre pronom comme dans Il se cabra, il est un pronom sujet qui renvoie à un nom précédemment indiqué (notre cheval rétif… ou un client mécontent… ou un salarié auquel son chef passait un savon…).

Se vient après un sujet (nom ou pronom personnel) et avant un verbe : il indique que le sujet agit sur lui-même (Il se promène), même au sens figuré (Il se déteste. Se peut d’ailleurs être singulier (une personne) ou plusieurs (Ils se battirent contre l’ennemi [3] Mais se est un pronom complément (comme me, te).

P.-S.

Dans la langue orale « relâchée », on entendrait plutôt c’est quoi tu sais ou c’est… tu sais quoi. Ce quoi correspond bien à ce que.

 

Notes

[1Il faut toujours être prudent avec les « trucs » orthographiques ou grammaticaux. À force d’entendre dire qu’on reconnaissait un complément d’objet en posant la question qui ou quoi, on peut confondre avec des compléments d’objet d’honnêtes attributs du sujet. Il est boulanger. Elle est grande : il est quoi ? boulanger ; elle est quoi ? grande. — Et voilà comment des attributs sont mal identifiés et qu’on confond les verbes d’action (avec complément d’objet) et les verbes d’état !

[2Évidemment, le côté personnel en prend un coup quand on emploie se dans une tournure impersonnelle : Il se peut que… Il se dit que…, mais la langue française est ainsi faite.

[3Au pluriel, on peut passer du réfléchi (sur soi-même) au réciproque : ils se battirent les uns contre les autres.