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Abréviation des ordinaux (premier, deuxième…)

Premier, deuxième s’abrègent en 1er, 2e. Première s’abrège en 1re.

Question-Réponse

Je corrige facilement 2ème en 2e (les lettres devant se trouver en exposant). Mais je cherche à étayer cette pratique et je tombe sur une page internet selon laquelle si la seconde écriture est recommandée par l’Imprimerie nationale, la première est aussi valable. J’aimerais connaître votre avis.

Pourtant :

  • Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale (article « abréviations », p. 6) :

« Abréviation des noms ordinaux : on abrègera première, deuxième, troisième… : 1re, 2e, 3e, et non 1ère, 2ème ou 3ème. Il convient de rappeler que 1°, 2° ; 3°… sont les abréviations de primo, secundo, tertio… le signe supérieur étant un o et non un zéro. »

  • Manuel de Typographie française élémentaire d’Yves Perrousseaux, 8e éd., article « abréviations courantes », p. 57. Les remarques sont les mêmes. L’auteur précise :

« On abrège [...] deuxième par 2e et IIe (on ne met que le e final) et non par 2me, 2ème ou 2ième qui sont des erreurs courantes, même sur les écrans de nos chaînes nationales de télévision. »

L’usage est le même dans le corps d’Orthotypo — Orthographe et Typographie françaises du regretté (Jean-Pierre Lacroux, Quintette). Même chose dans le Ramat de la typographie, éd. 2005 (p. 49 : voir abréviation de premier, premiers).

Qu’il y ait un usage constaté ne signifie pas qu’il soit régulier ! La présence d’erreurs orthographiques sur le Net ne les légitime pas. Mais, de même que l’orthographe est une règle commune qui facilite la compréhension pour n’importe quel lecteur, l’orthotypographie vise au même but s’agissant de la composition — au sens matériel et non « inventif » des textes.

En la matière, la règle est pratique : adjonction d’un e, éventuellement suivi d’un s au pluriel. Les exceptions de 1er, 1re, 2d, 2de étant logiques. Point n’est besoin d’ajouter des lettres superfétatoires, sauf à vouloir faire sien le proverbe shadok bien connu : « Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué » !

Exemples

premier 1er — Ier premiers 1ers
première 1re — Ire premières 1res
deuxième 2e — IIe deuxièmes 2es
second 2d — IId seconds 2ds
seconde 2de — IIde secondes 2des
troisième 3e — IIIe troisièmes 3es
dixième 10e — Xe dixièmes 10es
centième 100e — Ce centièmes 100es

Remarques

  1. Selon le Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, les siècles se composent en chiffres romains « petites capitales » : le XVIIIe siècle. On peut trouver cependant des exemples de composition en grande capitale (le XVIIIe siècle), plus simple d’emploi (et — selon le logiciel et la police de caractère employés — parfois préférable pour des raisons esthétiques).
  2. En composition d’imprimerie, les lettres suivant le nombre sont en lettres supérieures. Les logiciels professionnels de composition (PAO) peuvent offrir cette fonctionnalité dont on s’approchera en utilisant la fonction exposant. Certains traitements de texte courants automatisent la composition des ordinaux.

P.-S.

Voir aussi les références du site en matière orthotypographique (notamment pour les ouvrages cités) dans la bibliographie et la sitographie.

Jacques Poitou, professeur à l’université Louis-Lumière (Lyon II), s’est intéressé aux usages en la matière (y compris aux usages des non-professionnels de la typographie). Voir cette page de son site.

Sur l’écriture des nombres en lettres, voir cet article détaillé.

Cet article est tiré du site internet « http://www.langue-fr.net«